we've got unfinished business (nolan)

Peut-être que tout le monde a raison en fin de compte. Peut-être que t'es pas aussi gentille qu'il n'y paraît. Peut-être que si tu sors, que tu bois et que tu dragues à tout va, c'est pour attirer l'attention, te sentir désirée le temps de quelques verres. T'es pas une fille bien, Mina, tu cèdes à l'un des sept péchés capitaux : la luxure. Depuis que le monde de la nuit t'a ouvert ses portes, c'est devenu une seconde nature d'aller aborder des jeunes hommes, souvent plus vieux que toi, de rire à leurs blagues stupides et de les écouter comme s'ils étaient la plus belle chose que tu aies jamais vue de ta courte vie. Ça t'amuse, ça te comble le temps de la soirée et lorsque tu sens que tu en as assez, tu t'en vas comme une voleuse, sans dire au revoir, sans laisser de numéro ou de baiser mouillé. Tu mens à ces hommes sur ton âge, ton nom, tu racontes n'importe quoi pour ne pas être Mina Cobain. Tu te fuis. Toutes les nuits, tu te fuis.

Ce soir, c'est pareil. T'es pas Mina. T'es plus Mina. T'as trop bu aussi. Et t'en veux encore, t'en as jamais assez. Tu veux t'oublier, tu veux oublier le monde et le jugement qu'il te portera sans doute demain. Tu veux tout oublier. La musique occupe ton esprit, elle prend toute la place dans ta tête. Les corps se collent à toi, se dérobent et reviennent en rythme avec le son. T'essaies de te frayer un chemin jusqu'au bar. Tu titubes. T'es loin d'être sexy. Ou peut-être que tu l'es. Tu sais pas. Tu sais plus. Tu t'en fous. Ce soir, tu te laisses aller. Ce soir, t'es venue seule, sur un coup de tête, juste parce que tu en avais envie. Ta main se pose sur une surface dure et lisse. Tu souris, intérieurement, tu te sens victorieuse. Tu commandes un shot de tequila que tu descends directement. T'as déjà perdu trop de temps, Mina, Lisa, Alice ou peu importe comment tu t'appelles pour la nuit. C'est fini le gaspillage, il est temps que tu passes à la vitesse supérieure. Tu scannes la pièce. De l'autre côté du bar : un visage familier, des traits viriles, des yeux sombres et une barbe maîtrisée. Tu le connais, tu l'as déjà dragué une fois. Tu t'étais déjà amusée avec lui et pourtant, t'as envie de recommencer. Tu tires sur ta robe pour la remettre en place. Tu te passes la main dans les cheveux et tu te lances dans une démarche qui se veut sensuelle vers lui. Tu ne sais même pas s'il pose les yeux sur toi ou non, mais au pire tu fais le spectacle pour les autres. Tu veux être vue, tu veux être sous les projecteurs. Pour une fois, t'aimerais qu'on s'occupe de toi plutôt que le contraire. Tu te plantes devant lui, avec ton sourire le plus aguicheur. « Bonsoir. » C'est tout ce que tu dis, tu te veux mystérieuse. Au fond, peut-être que tu ressembles à une gamine égarée. Peut-être que tu ressembles à une beauté fatale. Peut-être ou peut-être pas. Tant pis.

L’envie de t’amuser, de boire, de sauter sur la première occasion reçue pour coucher avec une jeune femme qui te plaît, voilà pourquoi tu aimes sortir en discothèque, voilà pourquoi tu aimes la vie. Ce soir, à nouveau tu enfilais tes plus beaux habits, plutôt décontracté cette fois et prenais la direction de la boîte de nuit la plus connue de la ville. Arriver le bas, le patron prenait ta commande, il te connaît plutôt bien, vous aviez déjà échangé des mots à plusieurs reprises. Tu prenais un mojito, comme d’habitude afin de ne pas commencer trop fort et pouvoir tenir tout le long de la soirée. Tu parlais à gauche à droite avec des amis, connaissance partageant un verre avec eux. La douceur du mojito dans ta gorge, une saveur incomparable. Ô beau mannequin que t'es, tu savais ce que faisais l’alcool aux gens, tu savais que certains perdaient le contrôle d’eux-mêmes et évitaient ce genre de soucis suite à la dernière embrouille dont tu étais dedans. Heureusement que la jolie Cosima t’a raisonné, tu’a obligé à te faire soigner. Tout le monde dansait alors que tu papotais avec un petit groupe de jeunes gens de ton âge. « Bonsoir. » Une jeune petite blonde, sûrement un peu plus jeune que toi se danse en se collant à toi. Elle ne disait rien de plus, restait planter là, devant toi sans un mot par la suite. Tu la regardais, enfin tu regardais ses formes, physiquement c’est bon tu fonds, sans parler de sa posture, des formes qu’elle t’offre. « Bonsoir? besoin de quelques choses? » Souvent, les plus jeunes, celle qui n’a pas l’âge pour avoir de l’alcool viennent voir des gens plus âgés pour y avoir droit. Ce soir t’avait envie de t’amuser, envie de plaire aux femmes, envie de t’amuser avec elle et peut-être même plus. « Tu’es plutôt mignonne » disais-tu assez hautainement. Après bon, tu étais en traîne de devenir de plus en plus connu en faisant les unes des magazines de mode. Tu en jouais, tu faisais jouer le fait que tu sois mannequin pour attirer celle que tu désirais tout en  te posant des limites.  

T'as l'impression que le monde va deux fois plus vite que toi. C'est sans doute les effets de l'alcool, mais tu sais, que dans ton état normal, c'est pareil aussi. Les gens avancent, évoluent, sans toi. Et toi, Mina, tu stagnes. Tu sais plus ce que tu fais. T'oublies où tu es, qui tu es. Plus rien n'a d'importance. Rien à part ce jeune bellâtre qui se trouve en face de toi. Tu le souris. Inconsciente de son attitude hautaine, tu ne remarques pas ça toi. Non, tu ne remarques rien. C'est comme si le monde autour de vous avait disparu. Comme si la musique avait baissé de volume. Comme si le temps avait ralenti. Tu clignes des yeux doucement. Tu délires complètement, quasiment dans un état second. T'es plus toi, Mina. Enfin. C'est ce que tu voulais depuis un moment, être quelqu'un d'autre, laissez la gamine gentille de côté, être une femme, une vraie.
Tu te rapproches de lui pour lui susurrer à l'oreille : « T'es pas mal non plus. J'ai besoin de rien, juste de toi. » Si tes amies t'entendaient, si ton père t'entendait, si ta mère t'entendait ... Et Dieu, il t'entend surement.
Tant pis.
Tu t'en fous.

Ce soir, t'es pas une fille sage.
Ce soir, t'es pas croyante.
Ce soir, t'es pas la fille d'un pasteur.
Ce soir, t'es pas Mina.

Spoiler:

Un murmure, intime, mais impoli vis-à-vis des autres. La boisson qui te fait oublier qui t’es, qui rend certains agressif, et même d’autres qui s’endorment au sol. Les mots échangés en criant à tes amis, sans crier, tu ne te faisais pas entendre, la musique battait de son plein dans la salle. Tu te laisser emporter, pensant à rien, ayant une seule envie, celle de t’amuser, boire et éventuellement ramener une femme pour partager sa nuit, tes draps. « T'es pas mal non plus. J'ai besoin de rien, juste de toi. » Disait la jeune blonde. Pas mal, elle ne perd pas de temps, t’aimes ce genre de femme. Sans même que tu as à la draguer, il semble que ce soit bon. Tu prenais une gorgée de ton verre, l’invitais d’un mouvement de tête à te suivre, te suivre jusqu’au bar où tu l’invitais à prendre un verre. « C’est une proposition ? » Tu jetais un oeil sur ses formes, généreuses, arrondies, tu mordais sur ta lèvre inférieur. « Je m’occuperais de toi, ton corps. » Arrivé au bar, tu faisais signe au barman, ton ami afin qu’il prépare déjà deux verres, deux comme vous teniez dans vos mains, tu prenais sa main afin de ne pas la perdre parmi les jeunes qui dansent, bougent, tombent et se battent. Tu t’y installais, proposant à la jeune femme de sep osé à ta droite, sur un tabouret à siroter un cocktail. Tu savais, enfin t’espérais que la soirée allait se dérouler comme tu le voulais, se terminer dans un lit d’un hôtel, de ta propre maison, une toilette. « Sinon, moi, c’est Nolan et toi ? » Tu clignes des yeux plusieurs fois, dérangé par la lumière colorée que renvoient les éclairages mis en place par le responsable de la salle. Tu frottais avec ton auriculaire le coin de tes yeux, des yeux bleus, un bleu océan qui en font craquer plus qu’une.  

La musique a pris toute la place dans ta tête et tant mieux. T'as plus envie de penser, plus envie de réfléchir à quoique ça soit. Tu veux juste t'envoyer en l'air, t'oublier, t'amuser, profiter de faire n'importe quoi pour la soirée. Parce que t'es pas toi, ce soir, donc t'as le droit de faire n'importe quoi. T'as le droit d'être qui que ça soit. T'as le droit de prendre le premier gars. T'as le droit.
Tu regretteras demain, mais demain, c'est loin, c'est un futur incertain. Ce qui est certain, c'est que ce jeune homme t'invite à le suivre d'un signe de tête et sans douter une seule seconde, tu le fais. En temps normal, tu aurais réfléchis pendant au moins cinq minutes avant de suivre cet inconnu, tu te serais demandé pourquoi tu faisais ça et tu serais sans doute partie sans rien dire. Mais ce soir, c'est pas d'habitude. Ce soir, c'est la nouvelle toi qui débarque, qui qu'elle soit, d'ailleurs. Tu t'en fous. Tu t'en fous de tout. Il te dit quelque chose, mais t'entends pas, tu fais pas attention. Tu t'en fous aussi, en fait. Tu t'en fous de lui aussi, tu veux juste ... Tu ne sais pas ce que tu veux. Ou plutôt si, tu le sais très bien, mais t'as juste peur d'y penser. Il te prend la main, le brun, et encore une fois, tu le suis aveuglément. Vu la tonne d'alcool que t'as bu ce soir, tu le suivrais jusqu'au bout du monde sans aucun problème. Tu t'assieds à sa droite comme il te l'a fait comprendre. Tu souris comme une idiote, bien trop intoxiquée. Mais peu importe ? Lui aussi, il doit s'en foutre.

Et puis d'un coup, il a fallu qu'il gâche tout, qu'il te demande ton prénom. Mais tu ne te dérobes pas pour autant. Tu gardes le sourire, parce que c'est ce que tu fais de mieux, Mina, tu souris. « Est-ce que c'est vraiment important ? C'est pas comme si t'allais m'appeler demain soir pour me proposer un diner. » Tu laisses échapper un petit rire. Clairement, c'est pas toi qui parle, mais la tequila. « J'veux pas que tu m'appelles par mon prénom. J'veux pas que tu m'appelles tout court. J'veux que tu m'emmènes au septième ciel. » Là, t'éclates de rire tellement tout ça ne te semble pas réel. T'as l'impression d'être dans un rêve où tu peux faire ce que bon te semble sans répercussions. Si seulement t'étais venue avec une amie pour t'empêcher de faire des bêtises. Si seulement tu n'avais pas autant bu. Sauf que c'est trop tard pour toi, idiote, tu t'es jetée dans la gueule du loup, toute seule.
T'es complètement seule sur ce coup-là, Mina.