(MERYL) Quand l'inconnu passe à la connaissance

Les mains enfoncés dans les poches de ta veste, tu te promenais dans l'un de tes endroits préférés, un endroit où tu t'étais toujours sentis en sécurité quand c'était trop oppressant chez toi. le  regard rivé sur l'eau, tu essayais de faire le point sur ta vie. T'avais que 17 ans et pourtant t'avais l'impression d'en avoir 30 à cause de tout ce qui c'était passé dernièrement. Jamais t'aurais imaginé quitté le nid familial si tôt, surtout pour vivre dans la rue et chez les habitants. Faut dire que rien ne t'y avait préparé et que tout ça était la faute de ton beau-père et également un peu à ta mère. Heureusement, t'avais toujours le soutien de ta sœur, ans elle, tu m'aurait pas tenu le coup, t'en étais certain. Tu te demandais également si t'allais terminer l'école, si t'allais avoir ton diplôme et aller à l'université pour ensuite pouvoir avoir un vrai métier. Actuellement tu vivais au jour le jour, te demandant chaque matin ce que tu allais faire de ta journée. Après plusieurs minutes de marche, tu décidais de t'asseoir sur le sable encore chaud pour observer le soleil se coucher dans l'horizon. C'était certainement l'un des moments de la journée que tu préférais, quand le ciel se paraît de mille et une couleurs plus magnifiques les unes que les autres. Tu sortis tranquillement ta guitare de son étui, la seule chose dont tu ne te séparais jamais, qui comptais plus que ta propre vie. Tes doigts commencèrent à toucher lentement les cordes de ta guitare, tu laissais ton imagination faire. T'aimais pas suivre des partitions, t'avais toujours eu horreur de ça. Tu préférais nettement imaginer des mélodies, que tu apprenais sur le moment et qui s'envolait dans le vent pour toujours et que toi seul et quelques personnes autour de toi avaient eu l'occasion d'écouter.

Le regard perdu dans le vide, les bras ballants comme si j'en avais marre de tout, je termine ma journée de travail alors que le soleil commence à se coucher. La journée à été longue, je me suis levée plus tôt qu'habituellement pour récupérer le cadeau d'anniversaire que je compte offrir à mon père en fin de semaine prochaine et j'ai pris du retard en parlant avec la vendeuse qui ne me lâchait pas. La course pour arriver le moins en retard possible au boulot et ne pas me faire remonter les bretelles par la famille Oaken m'a fatiguée et j'ai enchaîner les bourdes toute la journée. Comme si j'étais ailleurs. Et c'était le cas, je pensais à tout sauf au travail en fait. Je suis donc plus que ravie que ma journée se soit terminée et, profitant de la douceur du temps, je décide de rentrer en passant par la plage.

Une fin de journée plutôt calme et apaisante dont je profite au maximum. Ces derniers temps, je me force un peu à changer mes habitudes, sortir de mon cocon, ce qui est pour le moins, difficile. J'ai du mal à gérer ma timidité et ce que j'essaie de faire pour avoir un minimum de vie sociale. C'est clair que ce n'est pas en posant mes fesses dans mon lit, sous ma couette avec une série sur mon ordi que je vais avoir des potes.

Les pieds nus au contact du sable chaud, la vue magnifique qui s'offre à moi et tout ce qui m'entoure, tout ça, c'est différent de ce que j'ai pu connaître aux states. C'est pas nouveau, pour autant, ce n'est plus mon paysage de vacance mais bien l'endroit où je vis maintenant et j'en ai toujours pas l'habitude. Il va falloir que je la prenne pourtant, je ne suis pas prête de retourner dans mon pays natal. Je suis perdue dans mes pensées quand mon regard croise la silhouette d'une personne qu'il me semble reconnaître. C'est un garçon que je ne connais pas mais j'ai déjà croisé à plusieurs reprises, il est là à quelques pas, jouant de la guitare. Plutôt bien d'ailleurs, c'est presque envoûtant. Enfin il ne m'en faut pas beaucoup en même temps. Mina serait là, je suis certaine qu'elle me pousserait à aller lui parler. Après tout, c'est elle mon guide dans ce nouveau monde. Après une hésitation brève et plutôt normal quand on me connais, je me décide finalement à prendre mon courage à deux mains et aller parler avec ce garçon.
 
Bien qu'ayant un peu peur de déranger, je me décide quand même à aller vers lui et m'approche donc doucement pour m'asseoir à ses côtés, comme si tout était normal. Restant silencieuse premièrement, puis me lançant enfin. « Salut. Je... J'aime bien ce que tu fais. » ça se dit ça ? J'ai bien fais ? Il va me regarder bizarre et me demander de partir. Je suis trop bizarre. Pourquoi je suis allé lui parler comme ça, il me connaît même pas.